La partition du quotidien commence par quelques notes stridentes et progressives de mezzo forte à forte « tululu » « tululu » « tulululuuu » qui nous obligent à entrouvrir un œil, à nous tourner du côté d’où émane ce bruit infâme, puis à étendre le bras pour appuyer sur la touche qui libérera nos oreilles de ce son. Mais la musique a commencé, le cerveau émerge de sa torpeur, il faut oublier le rêve que l’on faisait juste avant la sonnerie du réveil.
Alors, l’esprit encore tout embrumé, vos membres vous font sortir du lit piano, piano. Mû par une sorte d’automatisme corporel vous sortez de la chambre.
Des notes cristallines proviennent de la salle de bain, tandis qu’un grondement d’eau bouillante et un cliquetis de café en train de couler montent de la cuisine.
Les divers choristes commencent à se chauffer la voix par des salutations puis certains entonnent le chant des conversations.
La vaisselle mise en place pour le petit-déjeuner tinte sur la table. La musique va crescendo.
Sitôt revigorés par le premier repas de la journée les habitants de la maison doivent se mettre au diapason pour ne pas créer de bouchons dans la salle de bains.
Chacun se prépare au rythme des brosses à dents, borborygmes et autres. Parfois des chants s’élèvent plus fort « Tu as encore laissé des cheveux dans le lavabo », « Je n’ai plus rien à me mettre », « Quelqu’un a vu mes clés ? »
Sur toute une semaine la partition n’est pas jouée sans quelques couacs.
Je crois même que certains musiciens (peut-être même l’auteur de ce blog), émergent à peine de leur torpeur lorsqu’ils sortent de la maison, mais chut !