Une journée de travail pas ordinaire

Il avait le badge numéro 00758. Lui préférait s’arrêter à 007, ça lui donnait un côté James Bond qui gonflait son ego. Tous les matins il franchissait le portail d’entrée de l’entreprise, puis il passait son badge devant le lecteur électromagnétique avant de pénétrer dans le bâtiment où se trouvait son bureau.

Ce matin là n’était pas particulièrement différent des autres, la journée s’annonçait chargée et studieuse. Cependant, il y avait une différence majeure avec les autres jours de travail, ce mardi était férié. Il profitait de l’opportunité que lui donnait son statut et son accès permanent à l’entreprise pour pouvoir rattraper le retard qu’il avait accumulé ces dernières semaines.

Arrivé au 12ème étage – son fief – il commença par se faire un café, puis alluma son ordinateur et pris connaissance des derniers e-mails reçus. Après avoir répondu à quelques messages, il s’attaqua à la rédaction de son compte-rendu. Vers midi il s’accorda une pause à l’extérieur, puis se remit à l’ouvrage. Cela lui faisait une drôle d’impression de se retrouver seul dans un espace aussi vaste, c’était plutôt angoissant en fait.

A 18h il estima qu’il en avait fait assez pour aujourd’hui et décida de mettre un terme à sa journée de travail. Lorsqu’il appliqua son badge contre le lecteur la porte ne s’ouvrit pas, il recommença, nouvel échec, il essuya la bande magnétique de sa carte contre sa chemise, en vain, la porte ne manifestait aucune volonté de s’ouvrir. Il sentit des sueurs lui monter à la tête. Son estomac lui rappela qu’il avait subitement très faim. Refusant de céder à la panique il partit en quête d’un éventuel gardien. La personne en charge de la surveillance ce jour là n’était pas à son poste. Il marcha fit le tour du rez-de-chaussée du bâtiment, lequel était très vaste, mais ne trouva personne. Las de marcher, il se rappela qu’il avait une paire de rollers sous son bureau. Il allait parfois en faire après le travail. Lorsqu’il arriva à l’ascenseur pour rejoindre son bureau il découvrit que celui-ci était en dérangement, comme ça subitement, alors qu’il fonctionnait encore 1 heure avant. Heureusement les escaliers n’étaient pas en dérangement, ni en travaux. Une fois arrivé au 12ème, quelque peu haletant, il chaussa sa paire de rollers et traversa l’interminable couloir pour se rendre à la porte de secours craignant, vu sa chance, que celle-ci ait été désactivée, ou condamnée, ou subtilisée par un alien. Mais la porte était là, il poussa la barre anti-panique et se retrouva à l’air libre, avec encore plusieurs volées de marches à descendre. Avant d’entreprendre la descente il déchaussa ses rollers, arrivé en bas il se retrouva nez-à-nez avec le gardien interloqué qui lui demanda ce qu’il faisait là. Il lui conta ses déboires, et l’homme ne pu s’empêcher de sourire très largement en l’écoutant, puis il lui dit de le suivre. Ils firent le tour du bâtiment et vingtaine de collègues lui crièrent « Surprise ». Ils l’avaient filmé durant cette épopée, laquelle était montée de toutes pièces, histoire de lui montrer que les jours fériés sont faits pour ne pas être au bureau.

 

A bientôt

« A bientôt », voilà une locution sympathique, chaleureuse, brève, maintes fois prononcée au cours d’une journée, et bien souvent galvaudée.

Combien de fois les gens nous disent « à bientôt » par pur mécanisme, sachant qu’ils ne nous reverront pas bientôt, voire peut-être jamais. Pourtant ces 2 mots sont chargés de promesses, de celle de se revoir, de ne pas attendre longtemps avant de se revoir. Même si parfois il ne s’agit pas d’un bientôt visuel mais épistolaire, l’important étant la fréquence. Ces mots sont aussi emplis d’espoir, même si on ne sait pas quand on va revoir quelqu’un, lui dire « à bientôt » montre notre volonté garder le contact. Il y a une forme d’engagement dans cette locution.

Je suis parfois surprise de lire ou d’entendre des personnes me dire à bientôt alors qu’on se voit tous les 36 du mois, je trouve qu’il ne faut pas l’employer à la légère, dans l’incertitude soit, mais pas sans une véritable volonté de revoir la personne, sinon « Ciao » suffit.

A bientôt sur ce blog!

Et que tôt vienne le bien.

 

 

Réflexion sur Chronos

Le week-end dernier j’étais chez mes nièces que je ne vois pas souvent car 600 km séparent nos habitations respectives. Ma nièce de 10 ans voulait faire plein de choses avec moi, badminton, piscine, et puis ceci, et puis cela… Je devais lui dire qu’en un week-end nous n’avions pas le temps de faire tout ce que nous aurions eu envie de faire.

Ce qui importait n’était pas tant les différentes activités que nous aurions pu faire mais bel et bien de passer du temps ensemble, l’essentiel étant la présence, le contact, se voir, parler, jouer, rire.

Au fond ce temps condensé du week-end c’est un peu comme une vie. Bien sûr il y a une différence entre le temps du week-end qui est toujours le même et dont on connait immanquablement les limites de 48h, et la vie qui nous a donnée pour un temps indéfini. D’aucuns croient au destin est que tout est écrit, mais que l’on croit cela ou non, nul ne sait jamais le temps qui lui est donné. Sans doute pouvons nous prolonger ce temps en prenant adoptant une bonne hygiène de vie, mais il y a un début et une fin. Bien souvent nous nous lamentons de ne pas avoir le temps de faire tout ce que nous voudrions. Peut être voulons nous aussi en faire trop, dans un désir pressant d’occuper notre temps, une peur du vide, de l’inaction. Ce qui importe c’est d’utiliser au mieux ce temps, de le partager avec ceux qui nous entourent. D’apprendre aux autres ce que l’on sait, d’apprendre encore et toujours de nouvelles choses. Nous n’aurons jamais le temps de faire toutes les activités que l’on pourrait, d’avoir toutes les connaissances encyclopédiques, etc.

L’essentiel est de faire de son mieux, savoir apprécier ce qui nous est donné, chercher à s’améliorer, s’enrichir de connaissances et de relations, être heureux, être curieux, surpris, étonné, émerveillé.

Que notre vie dure une semaine, un week-end ou une journée, vivons là pleinement de l’aube au crépuscule avec l’émerveillement d’un enfant.